Bienvenue dans ce premier article de la série Derrière les pages : des articles en lien avec mes romans pour vous partager l'envers du décor et vous parler de sujets qui me touchent ou me parlent.
Peu familière des réseaux sociaux et peu habituée à parler de moi, j'espère faire de ces articles une porte d'entrée sur mon univers et vous donner envie de le découvir par le biais de mes romans ou de la newsletter.
Lundi, enseignants et enfants ont retrouvé le chemin de l'école. Lundi, Caroline s'est suicidée. Cette directrice d'école, harcelée en raison de son homosexualité, abandonnée par l'Education Nationale et ses collègues, a choisi de ne pas retourner à l'école. Elle a choisi de tout quitter et son choix m'a bouleversée.
Le sens du timing
Ce même jour, lundi 1er septembre, je faisais ma première publication sur les réseaux sociaux pour promouvoir mon livre, sorti quelques jours plus tôt. Cette publication disait quelque chose comme « A l’heure de la rentrée et des articles qui parlent du mal-être des enseignants, si je ne parle pas de mon livre aujourd’hui, je ne le ferai jamais ».
Je n'aurais jamais imaginé, bien sûr, que ces mots tomberaient si justes, que cette publication tomberait si mal.
J'aurais peut-être du la supprimer. J'y ai songé, j'ai hésité. J'avais l'impression de trahir cette femme que je ne connaissais pas, de minimiser ce qu'elle avait subi. Pourtant, dans son histoire, quelque chose me sautait aux yeux, me serrait la gorge et me donnait envie de hurler...
Fiction ou réalité ?
Dans sa BD Cas d'école, Remedium (qui avait publié l'histoire de Caroline en janvier) explique que l'inspectrice s'est déplacée dans l'établissement de Caroline plusieurs fois. Pourtant, elle ne l'a pas soutenue. Pire, elle lui a demandé ce qu'elle avait bien pu faire pour qu'on s'en prenne à elle.
Et ces quelques mots ont fait écho à l'histoire d'Erine, une enseignante volontaire, appréciée de ses élèves, qui quitte un matin son établissement scolaire sur ce qui semble être un coup de tête mais qui ne l'est pas tant que ça.
L'histoire de Caroline va, malheureusement, plus loin que celle d'Erine puisque, suite à la parution de la BD, elle et Remedium sont convoqués pour diffamation. La réalité dépasse parfois la fiction : quel auteur aurait pu imaginer une telle indignité ?
Dénoncer
Je n'ai pas écrit ce roman dans le but de dénoncer quoi que ce soit, je n'ai jamais souhaité que ce roman soit autre chose qu'un roman. Je croyais avoir raconté une histoire, une simple histoire avec une toile de fond, un fil rouge que je pensais à peine visible.
Et puis, une de mes premières lectrices m'a dit : « Mais ce sont des choses qui arrivent vraiment ? »
Elle avait l'air de ne pas y croire.
Alors, après la mort de Caroline, j'ai su qu'il fallait le présenter pour ce qu'il était : un roman qui parle du harcèlement que subissent certains enseignants, pour des raisons souvent fallacieuses. C'est un roman qui raconte la maltraitance, l'indifférence, le silence et les yeux baissés des chefs d'établissement, des inspecteurs et de tous les autres.
Ne jamais cesser de lutter
Quand les premiers articles sur la mort de Caroline sont sortis, l'Education Nationale s'est empressée de dire qu'une enquête serait menée, que les coupables seraient punis.
Ce ne sera jamais le cas mais toutes les Caroline et les Erine de l'Education Nationale ne seront plus jamais seules.
Je suis fière aujourd'hui d'avoir écrit ce livre qui, à sa façon, rend hommage aux enseignants qui souffrent, à ceux qui partent et à ceux qui restent.
Et parce que je sais que Nos vies d'après seront plus douces, j'espère que ce livre permettra à ceux qui en ont besoin de ne pas oublier qu'après la pluie, vient toujours le beau temps.
Le livre est disponible au format broché et E-book sur Amazon.
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